Manuscrit n° 3. La copie par Truchard du Molin (M3),

le "successeur" de Chabron.

Pourtant M2 réapparaît. C’est une parente des Polignac qui le trouve à Paris et qui l’offre en cadeau au 4e duc, Rouchon nous renseigne :

« [D]éjà sauvé par hasard en 1812 par une tante du duc de Polignac qui l'avait acquis à Paris au cours d'une promenade sur les boulevards. Cet ouvrage, encore inédit, a considérablement aidé Truchard du Molin dans l'élaboration de son livre la Vicomté de Polignac. (1)»

Déjà dès 1859, Truchard du Molin se sert du Chabron dans son ouvrage sur les Polignac dans la Ligue du Bien public (2) mais surtout pour composer sa monographie sur la Vicomté de Polignac (3) .

Il le dit chapitre XII des Baronnies :

« Avant nous Dom Vaissette s’était très utilement servi et avec une grande confiance de ce curieux manuscrit pour son Histoire Générale du Languedoc, et il s’est presque toujours borné à le copier dans tout ce qu’il dit de la maison de Polignac. Chabron portait le même prénom que le vicomte auquel il dédicace son livre. »

Pour Truchard du Molin divers passages ont été rédigés au début du XVIIe siècle.  L’historien, dont l’œuvre s’inscrit dans la lignée de Chabron, a du travailler sur l’exemplaire du duc :


« On peut croire aussi à son indication, restée sur la couverture, que Charles, Marquis d’Aubais, en avait été possesseur ; mais comment, sans avoir été détruit pendant la Révolution, est-il revenu aux mains des Ducs de Polignac (4)
» ?

Sur le Chabron du fond Paul Le Blanc (ms. n° 936) que nous avons consulté à Clermont-Ferrand, dans les premières pages du manuscrit, on peut lire ceci :

« En 1867, R. Truchard du Molin me pria de l’accompagner chez le Duc de Polignac à l’effet d’obtenir le prêt du manuscrit original de Chabron.
Le Duc nous reçut avec la plus grande courtoisie et nous apprit qu’il ne possédait ce manuscrit que depuis peu de temps ; il avait été trouvé sur les quais et acheté par une de ses parentes qui lui en avait fait cadeau.
A la fin de la visite du Molin dit au Duc :
-Il y a dans votre généalogie quelques faits difficiles à raconter.
M. le Duc, se redressant, répondit :
-Quand on a l’honneur d’appartenir à une Maison aussi ancienne que celle de nos monarques légitimes, il peut bien s’y trouver quelques bandits ; Monsieur le Conseiller parlez en librement, je vous en prie.

Nous emportâmes le précieux manuscrit au n° 47 de la rue de Vaugirard, où habitait le conseiller. C’est là que j’ai eu le plaisir de le feuilleter à loisir, car j’allais souvent passer la soirée dans ce logis hospitalier. Nous fumions force pipes et sur le coup de dix heures nous nous séparions, non sans avoir bu un verre d’eau sucrée, pratique journalière du vieux conseiller : « ça rafraîchit la bouche » disait-il. Il fumait de vieilles pipes très juteuses. Et ça dispose à bien dormir. » ( Signé : Paul Le Blanc).

Ce manuscrit a été reproduit ainsi que le dessin que comprend la copie du marquis d’Aubay (M2). Nous la verrons plus loin. C’est ainsi que Truchard du Molin et plus tard, Paul Le Blanc et la Société Académique vont pouvoir copier le manuscrit de Chabron (1870).

SUITE

(1) Ulysse ROUCHON, Les vicomtesses de Polignac sous l’ancien régime, Le Puy : éd. de la Société Académique du Puy-en-Velay et de la Haute-Loire, 1992, p. 8.
(2) Jean-Léandre-Romain TRUCHARD du MOLIN, Des Polignac dans la Ligue du Bien public, 1451-1510, in Annales de la Société d’Agriculture, Sciences, Arts et Commerce du Puy, 1859-1861, Le Puy, 1861, p. 225 et suiv.
 
(3)Jean-Léandre-Romain TRUCHARD DU MOLIN, Baronnies du Velay. Vicomté de Polignac, d'après un manuscrit de M. Truchard Du Molin,... Revu et complété par M. Augustin Chassaing,..., Paris : éd. Firmin Didot, Paris, 1892, 260 p.
(4) idem